Lettre du président #05 16/12/2018 - Concernant le RIC
Le problème du RIC (Référendum d’Initiative Citoyenne) tel qu’il est revendiqué actuellement par des gilets jaunes et par certains partis politiques, c’est que le RIC reste dans un cadre très jacobin, donc limité et ne répondant pas aux attentes spécifiques des « territoires » d'où sont issues la plus part des gilets jaunes.
Les gilets jaunes comme les politiques n’arrêtent pas de citer en exemple la Suisse pour ses référendums…sauf qu’ils oublient de dire que la Suisse n’est pas un État hypercentralisé comme la France, mais une fédération, accordant une grande autonomie à ses cantons et ses communes et d’ailleurs la plupart des RIC là-bas se font à l’échelle locale. C’est quand même une différence notable avec la France.
Mais instaurer un RIC, sans remettre en cause le centralisme parisien, devrait donc s’organiser à coup de pétitions recueillant des centaines de milliers de signatures (on parle d’un minimum de 700 000) ce qui implique nécessairement de faire signer dans toute la France pour obtenir ce résultat. Forcément il sera limité par les questions qui seront posées, questions uniquement portées sur des sujets « nationaux » mais absolument pas locaux.
On se retrouvera dans l’incapacité totale de réellement répondre aux problèmes et aux enjeux locaux impactant directement le quotidien des citoyens et on retournera à la case départ : des millions de gens des «territoires » qui seront encore les laissés-pour-compte.
Prenons un exemple simple :
Imaginez demain à Nice, on souhaite organiser un référendum concernant le péage de St-Isidore, s'il faut le supprimer ou non.
Sans même parler de récolter les 700 000 signatures nécessaires pour déclencher un RIC…vous imaginez sérieusement réussir à faire voter la France entière sur la question du péage de St-Isidore ? Demander à tous les Français de se prononcer sur des sujets dont ils ont en rien à faire parce qu’ils en ont rien à faire de Nice en général ? impossible bien entendu !
Ce n’est pas à un Strasbourgeois ou à un Brestois de se prononcer sur un problème spécifique à Nice, c’est aux Niçois seuls d’en décider et réciproquement je n’ai pas à me prononcer et décider à la place d’un Alsacien ou d’un Breton sur un problème spécifique de chez lui.
Conclusion :
Avant même de parler de RIC ou autres réformes institutionnelles. La première revendication véritablement « révolutionnaire » que doivent porter les gilets jaunes c’est bien la sortie du système jacobin pour aller vers un système – disons-le - plus fédéral…et là vous verrez que les Le Pen, Mélenchon, Dupont-Aignan et compagnie seront soudainement moins enthousiastes à l’idée de soutenir et récupérer les gilets jaunes…
Alors je sais, le mot « fédéralisme » en France c’est comme Voldemort dans Harry Potter, c’est tellement tabou qu’on n’a pas le droit de « prononcer son nom » mais il faudra bien en parler !
Si « fédéralisme » fait peur, alors parlons de « décentralisation accrue » ou de « Girondisme », peu importe le nom mais il est temps d'ouvrir le débat sérieusement sur le problème du centralisme parisien !
Julien LLINARES, président du Parti Niçois